La façon actuelle de gouverner est devenue, pour moi, assez étrange ou est-ce donc cela le « nouveau monde » ?
Dans l’ancien monde, les politiques prenaient des décisions, pas toujours avec un grand courage, et les mettaient en œuvre au risque de provoquer des manifestations d’envergure. On se souvient, par exemple, des mouvements étudiants contre le projet de loi Devaquet sur la réforme des universités de la fin 1986. Ou, encore, des grèves dures et longues contre le plan Juppé sur la réforme de la Sécurité sociale et le système des retraites de 1995. Dans ces deux exemples, les réformes auront finalement été, partiellement ou complètement, retirées. Toutefois, les projets avaient été portés et les textes présentés. D’une façon plus positive, on peut se souvenir du projet de loi sur le Mariage pour tous et les vastes mouvements de contestation que cela avait provoqué. Dans ce cas, François Hollande avait tenu bon et la loi a alors été adoptée et appliquée. A ce sujet, d’ailleurs, aucune personnalité politique qui se respecte n’envisage de revenir sur ce texte.
Dans l’ancien monde, après une élection présidentielle et la mise en place du premier gouvernement, traditionnellement, l’équipe en place mettait très rapidement (dans les fameux 100 premiers jours), les principales réformes que le Président avait proposé lors de sa campagne. En effet, sa légitimité était majoritaire pour ce faire. Même si cela suscitait des protestations, le Président et son gouvernement pouvait se retrancher sur l’argument selon lequel ces réformes correspondaient à ce pour quoi il avait été élu par le peuple français.
Dans le nouveau monde, comme moi, vous l’aurez compris, nous y sommes depuis presque 5 ans, tout devrait avoir changé. En effet, le nouveau monde est fait de crises successives. Après celle des Gilets jaunes, les grèves contre une hypothétique (et sans doute reportée) réforme des retraites, la crise sanitaire due au Covid… Dans ce dernier cas, certes, la raison politique ne peut être mise en avant. Aucun gouvernement ne peut être incriminé, a priori. Toutefois, c’est la gestion de cette période qui pourrait, et devrait sans doute, être interrogée. Je me pose également quelques questions. Ainsi, par exemple, alors que, face aux différentes vagues de l’épidémie, des mesures assez strictes, ont été prises avec efficacité, pourquoi, actuellement, il semble difficile de prendre des décisions alors qu’un nouveau variant circule ? Ne pas fâcher les futurs électeurs doit-il primer sur leur santé ? Rester dans le symbolique (il faut montrer que l’on prend des décisions) pourra-t-il enrayer l’épidémie ?
Dans le nouveau monde, alors que les élections approchent, on s’intéresse tout à coup à de grands problèmes identifiés depuis bien longtemps. A coups de centaines de milliers d’Euros, voire de milliards, on se penche sur la problématique de Marseille, de ses écoles, ses quartiers, on lance un grand plan en faveur des jeunes, un autre pour les agriculteurs, l’environnement est devenu un enjeu majeur… Là encore, je m’interroge : est-ce la parfaite illustration du dicton selon lequel « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » ? De toute manière, je n’aurais pas de réponses concrètes avant l’élection présidentielle. S’il devait y avoir réélection, ces engagements seront-ils tenus ou oubliés dans le brouhaha de la campagne ? Si un autre candidat devait arriver au pouvoir, rien ne pourrait évidemment l’empêcher de mettre en avant de nouvelles priorités. Et ce ne sont certainement pas les médias qui serviront de rappels et de mémoires…
Dans le nouveau monde, on fait de la politique différemment. Ainsi, face au mouvement des gilets jaunes, on fait, dans les premiers mois, la sourde oreille en n’ayant, comme unique réponse, l’envoi des forces de l’ordre pour sévir. Comme la méthode ne fonctionnait visiblement pas, on lance une vaste consultation de citoyens tirés au sort chargés de faire des propositions, essentiellement sur les questions environnementales. Les travaux ont abouti à diverses suggestions, presque sans aucune suite politique. Dans le nouveau monde, il est élégant, et normal, de trahir pour accéder au pouvoir. Dans le nouveau monde, on a compris, et on l’applique, le sens exact du dicton « diviser pour mieux régner ». La nouveauté est que l’on cherche, devant un problème, à monter les français les uns contre les autres. J’en veux pour exemple le moment où, devant certaines violences, le discours politico-médiatique était d’opposer les gilets jaunes aux commerçants et autres promeneurs désireux de faire leurs courses. Dans la même veine, même s’il a été claironné que JAMAIS la vaccination ne sera obligatoire, quelques semaines plus tard, on introduit le passe sanitaire. On crée donc, de fait, deux catégories de français ayant des accès différenciés à certains lieux. Idem pour les commerces « essentiels » et les autres.
Et après, dans quelques mois ? Un nouveau monde 2, un nouveau, nouveau monde ? Un autre monde réécrivant l’Histoire ? Un autre monde encore plus divisé, avec clairement les bons et les mauvais ? Un monde fondé sur cette stupide « théorie » du grand remplacement et donc sur le rejet de la différence ? Un monde où le modèle économique, je l’ai moi-même entendu, repose sur le retour des étrangers dans leur pays ?
Je pourrai poursuivre ce jeu de questions et les réponses arriveront d’ici peu. Personnellement, on l’aura compris, si je n’apprécie pas ce « nouveau monde », je n’ai pas du tout envie de l’autre. Mais, encore une question, qui propose un futur modèle apaisé, serein, dans lequel nous serions considérés comme des adultes, où le respect de l’autre et son écoute seraient généralisés, avec du travail pour le plus grand nombre, avec de l’entente entre les générations, dans lequel la solidarité et la générosité seraient érigées comme des valeurs sociétales… ? Je ne veux pas passer pour un doux rêveur mais, si quelqu’un me propose, et met tout en œuvre pour y arriver, ne serait-ce que la moitié de ces valeurs, il (ou elle) aura mon vote ! A cela, je suis bien conscient du dicton que j’ai cité plus avant sur les promesses qui n’engagent…
D’accord avec mes analyses, dites le moi. Pas d’accord, dites-le aussi.
A bientôt
Frédéric