Coopération culturelle & internationale
Mais où est l’Union européenne ? (3)
Mais où est l’Union européenne ? (3)

Mais où est l’Union européenne ? (3)

Mesdames et messieurs les médias, soyez un peu sérieux ! Mesdames et messieurs les politiques, voyez un peu plus loin que le bout de votre nez !

En effet, au moment où la Russie massait des milliers de soldats et d’équipements militaires à la frontière de l’Ukraine, la grande polémique, en France, concernait les 4 jours de vacances que le Ministre de l’Education nationale avait pris à Ibiza. Alors que l’OTAN achemine avions de chasse, militaires et navires de guerre aux frontières européennes concernées, on ne parle quasiment, et toujours, que de COVID, de pass vaccinal et autres sujets strictement nationaux. Dans le même temps où Présidents américain et russe échangent des menaces de plus en plus inquiétantes pour la paix, en France, on se passionne pour la campagne présidentielle et les « petites phrases », plus ou moins nauséabondes, des uns ou des autres. Tout cela semble tellement dérisoire puisque, s’il devait y avoir conflit militaire, on peut aisément imaginer les risques d’escalade et ce vers quoi cela pourrait aboutir. J’ai même lu, comble de l’absurdité, un média titrer : « La France a-t-elle les moyens d’une guerre contre la Russie ? ». Qui a même pu imaginer poser une telle question ? La réponse paraît tellement évidente…

Mais tel n’est pas là le fonds de mon propos. Comme le dit le titre de cet article, je m’interroge, une fois de plus, sur la quasi absence des instances européennes dans cette situation qui concerne pourtant directement notre continent. Déjà, géographiquement, l’Ukraine est frontalière avec quatre Etats membres de l’Union européenne (la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne). Son invasion par la Russie amènerait donc leurs troupes directement aux frontières de l’Union européenne. Une menace constante pèserait alors sur nos Etats. Historiquement, je croyais sincèrement que les années 1944 – 1945, où les américains venaient sauver et délivrer l’Europe, étaient loin derrière nous. Avec une Europe forte, nous ne serions dans le risque de revenir à plus de 80 ans en arrière. Nous pourrions faire respecter nos frontières sans que Joe Biden ait à s’en occuper.

Et, pendant ce temps, les Présidents russes et américains, et leurs diplomaties, négocient, exigent, menacent de répliques, de manière bilatérale. Certes, on nous précise que le Président des Etats-Unis se « concerte » avec les européens mais nos responsables, des Etats comme de l’Union européenne, ne devraient-ils pas être présents autour de la table des négociations ? Pourquoi ne le sont-ils pas ? Emmanuel Macron a lancé, relayé par tous les médias, la Présidence française de l’Union européenne (PFUE), à grand bruit. Pourquoi cette Présidence n’est-elle pas pleinement impliquée dans les négociations ? C’est vrai qu’il est quand même plus important de passer deux journées pleines dans les départements de la Creuse et de la Haute-Vienne pour bien préparer la future campagne présidentielle. Certes, Emmanuel Macron a fait de grandes déclarations pour une désescalade et a menacé Vladimir Poutine en cas d’agression de l’Ukraine, avec quels effets ? Je ne suis pas du tout persuadé que, devant les « gros bras » d’Emmanuel Macron, Poutine tremble, depuis, de tous ses membres et s’est réfugié, la « queue entre les jambes » dans un bunker au Kremlin ! Plus sérieusement, dans les faits, seule l’OTAN est pleinement associée aux négociations entre USA et Russie.

Pour en revenir à mes questionnements sur l’absence criante de l’Union européenne dans cette crise, j’en ai malheureusement quelques explications. En premier lieu, même si il existe un Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borell, depuis le 1er décembre 2019, dans la réalité, chacun des 27 Etats membres conserve jalousement sa propre Politique étrangère. C’est quand même mieux pour s’en enorgueillir devant sa population et ses futurs électeurs. En second lieu, contrairement à la Russie ou aux Etats-Unis, il n’existe pas une force armée européenne. De ce fait, mobiliser des troupes européennes ne peut se faire que par le biais de l’OTAN (30 pays membres) dont la couverture géographique est plus large que l’Union européenne. En effet, outre presque tous les pays européens sont membres du Pacte, on y trouve bien entendu les USA mais aussi le Canada, le Royaume-Uni ou la Turquie, par exemple. C’est d’ailleurs le premier sujet de la tension actuelle puisque l’élément déclencheur officiel a été la volonté déclarée de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN. Aujourd’hui, Vladimir Poutine va plus loin puisqu’il exige même que les troupes de l’OTAN basées en Roumanie et en Bulgarie soient retirées car faisant « pression » sur le territoire russe. Tout cela est-il prétexte pour montrer au peuple russe que la « grande Russie » est de retour et pèse dans le concert international ? C’est une hypothèse mais je ne suis pas dans la tête de Poutine. Peut-être, après tout, veut-il réellement d’une guerre qui nous anéantirait tous ? Personnellement, je ne le crois. On peut lui prêter beaucoup de critiques mais pas celle d’être un fou voulant détruire la planète.

Pour résumer, les éléments marquants de cette crise internationale sont, tout d’abord, le presque complet désintérêt des médias. Il est vrai que l’Ukraine, c’est loin et pas très vendeur ! D’autre part, je note à peu près le même intérêt de la part des politiques. Vous comprenez, en période électorale, il y a bien d’autres sujets intéressants à traiter, on a déjà assez de problèmes comme cela au sujet de notre propre sécurité et avec nos « étrangers »… Pour terminer, et c’est encore et toujours mon grand regret, l’absence d’une réelle et puissante Union européenne pesant sur l’échiquier international est déplorable et on le constate. Je ne veux pas dire, par-là, que la diplomatie européenne ne fait rien et ne travaille pas d’arrache-pied au quotidien. Ce que je dis, c’est que les Etats membres ne veulent pas, et n’ont pas intérêt, à une Union européenne forte et en première ligne sur le front du continent européen.

Commentaires, opinions, compléments d’informations, n’hésitez pas à me contacter.

A bientôt

Frédéric

Un commentaire

  1. karine

    Merci Frédéric pour ce point de vue et cet éclairage sur l’absence de politique européenne sur le plan militaire.
    Avis partagé sur le côté ethnocentré de nos media nationaux….hélas la période pré-électorale ne justifie pas à elle seule ce constat, il me semble que cette absence d’intérêt pour le « reste du monde » (y compris le proche) a toujours été un trait marquant en France !

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